• Jean Dubuffet et l'Art Brut

    Ce terme d'ART BRUT désigne l’activité créatrice des aliénés et malades mentaux, des gens qui souvent sont internés et n’ont aucun contact avec l’immense champ d'inspiration que constitue « l’art culturel » des collectionneurs ou des musées. Outre atlantique le concept a été élargi sous le terme de Outsider Art. L’activité artistique de ces « anormaux » ou marginaux procède d’une sorte de nécessité intérieure (expression empruntée à Kandinsky) et non d’un mimétisme. Cet art se situe hors des circuits commerciaux (galeries, expositions, musées) dans le simple fait que le désir de se montrer est souvent absent de celui qui s’y adonne. Un des premiers artistes à définir cette catégorie artistique et à s’y intéresser est Jean Dubuffet. Il collectionne tout ce qui en émane et invente le concept d’art brut à la suite d'un voyage en Suisse en été 1945.

    Jean Dubuffet

    Jean Dubuffet

    « Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écriture, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non, celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe. »

                       — Jean Dubuffet, L’art brut préféré aux arts culturels, 1949 (Manifeste accompagnant la première exposition collective de l’Art brut à la Galerie Drouin, reproduit dans Prospectus et tous écrits suivants, Gallimard, 1967) 

      

    Après l’expressionnisme et le cubisme qui ouvrent la porte sur les arts naïfs (Douanier Rousseau, Séraphine de Senlis…)  les arts populaires, les arts primitifs et d’une manière générale sur les arts non occidentaux, c’est le surréalisme qui permettra cette ouverture sur l’art des « fous ». La Suisse patrie de Carl Gustav Jung, voit la naissance de Dada et sera la première à s’intéresser à l’art des handicapés mentaux par l’intermédiaire de quelques psychiatres éclairés. Parmi ceux-ci, nous citerons l’allemand Hanz Prinzhorn (1886-1933) qui sera un des premiers à constituer une collection d’art de malades mentaux – le suisse Walter Morgenthaller  (1882-1965) psychiatre, biographe de Adolf Wölfli a qui il consacre un musée – le suisse Charles Ladame (1871-1949) psychiatre qui s’intéresse très tôt à l’art de ses patients au point de collectionner, et d’exposer leurs œuvres et d’encourager leur activité. 

      

    «Les raisons pour lesquelles un homme est réputé inapte à la vie sociale nous paraissent d'un ordre que nous n'avons pas à retenir...». ...Je ne craindrai pas d'avancer l'idée, à première vue seulement paradoxale, que l'art de ceux qu'on range aujourd'hui dans la catégorie des malades mentaux constitue un réservoir de santé morale..

                                                                                          extrait de La clef des champs André Breton.  

      

    CORBAZ, ALOÏSE dite Aloïse  (1886-1964) est née à Lausanne, en Suisse. Après avoir terminé ses études secondaires, elle exerce la profession de couturière mais rêve de devenir cantatrice. Elle occupe ensuite un poste de gouvernante à Potsdam, à la cour de Guillaume II. Elle s’éprend de l’empereur, vivant une passion amoureuse imaginaire. La déclaration de la guerre l’oblige à rentrer en Suisse. Aloïse manifeste alors des sentiments religieux avec tant d’exaltation qu’elle est internée en 1918...  Le site qui lui est dédié vaut le détour par la richesse iconographique et la qualité des oeuvres présentées. Pour la suite de la biographie, se rendre sur le site de l'Art Brut de Lausanne.http://www.artbrut.ch

    JAKIC Vojislav (1932-2003)  Macédoine Fils d’un prêtre orthodoxe d’origine monténégrine installé en Macédoine, Vojislav Jakic a trois ans quand la famille déménage à Despotovac, un petit village de Serbie. Sa sœur meurt de diphtérie et son frère cadet de scarlatine. Il s’intègre difficilement à l’école, sans doute à cause de la profession de son père, mal vue des autorités communistes, mais aussi à cause de ses origines monténégrines. Doué pour le dessin, de nombreux villageois lui demandent d’exécuter le portrait de leurs défunts d’après des photos d’identité. En 1952, Jakic part pour Belgrade, où il apprendra à dessiner et à sculpter. Pour la suite de la biographie et les oeuvres, se rendre sur le site de l'Art Brut de Lausanne.http://www.artbrut.ch

                   FORESTIER Auguste (1887-1958), France   Né dans la Lozère, en France, Auguste Forestier est issu d’une famille d’agriculteurs. Fasciné depuis toujours par les trains, il fugue à plusieurs reprises par ce moyen de locomotion. Un jour de 1914, il provoque le déraillement d’un convoi en accumulant des cailloux sur les rails. A la suite de cet incident, Auguste Forestier est interné à l’âge de vingt-sept ans dans un hôpital psychiatrique où il demeure jusqu’à sa mort. Pour la suite de la biographie et les oeuvres, se rendre sur le site de l'Art Brut  de Lausanne. http://www.artbrut.ch 

                   MIYAMA Eijiro (1934) Japon   Eijiro Miyama est né dans la préfecture de Mie, au Japon. Solitaire, il ne s’est pas marié et a toujours vécu un quotidien fait d’errances. Il exécute divers métiers, notamment manœuvre journalier dans la construction et conducteur de poids lourds. Vers cinquante-cinq ans, il s’établit dans une des pensions pour ouvriers indigents du quartier de Kotobuki, à Yokohama, où sont regroupés sans abri, chômeurs et exclus sociaux. Aujourd’hui, âgé de septante-quatre ans, il partage son temps entre le karaoké gratuit et ses parades en ville : tous les samedis et dimanches, Eijiro Miyama se rend dans le quartier chinois de Yokohama, un lieu très animé, où il déambule sur son vélo à travers la foule, paré de ses chapeaux et tenues colorées ; sur son dos sont attachés des messages de paix et de fraternité qu’il rédige sur des cartons d’emballage. Pour la suite de la biographie et les oeuvres, se rendre sur le site de l'Art Brut  de Lausanne. http://www.artbrut.ch 

                    SCOTT Judith (1943-2005), Etats-Unis Judith Scott est née à Cincinnati, dans l’Ohio, aux Etats-Unis. Trisomique, elle vit ses premières années dans sa famille, avec sa sœur jumelle. A l’âge de sept ans, elle est séparée de son environnement familial et placée en institution. Elle passe plus de trente-cinq ans dans des établissements où elle est soumise à des conditions proches de l’internement. En 1986, Judith Scott est prise en charge par Joyce sa soeur jumelle qui obtient sa tutelle ; elle rejoint une année après le Creative Growth Art Center, à Oakland, en Californie, où elle s’engage spontanément dans la création, à l’âge de quarante-quatre ans.
    Ses œuvres évoquent des cocons géants, des fétiches à portée magique ou des poupées d’envoûtement. Se rendre sur le site de Judith Scott est très émouvant http://judithandjoycescott.com/ même si vous ne maitrisez pas l'anglais, les images parlent d'elles-mêmes. 
    Pour la suite de la biographie et les oeuvres, se rendre sur le site de l'Art Brut  de Lausanne. http://www.artbrut.ch 

                     WILSON Scottie (1888-1972), Ecosse Scottie Wilson est né à Glasgow, en Ecosse. Il ne suit aucune formation scolaire et reste illettré. A l’âge de seize ans, il s’engage dans l’armée, puis travaille dans des fêtes foraines et des cirques. Plus tard, il ouvre une petite échoppe ambulante qu’il promène dans les marchés de Londres. Vers 1928, après un exil forcé en Irlande, Scottie Wilson émigre à Toronto, au Canada, où il devient revendeur. Scottie Wilson commence à dessiner à l’âge de quarante ans, dans son arrière-boutique. Par la suite, il s’installe à Vancouver où il se consacre exclusivement à son activité créatrice. De retour à Londres après la guerre, il vend ses dessins à bas prix sur les marchés ou dans des expositions organisées par ses soins dans des lieux insolites, comme un hall de cinéma, un négoce désaffecté ou une caravane. Pour la suite de la biographie et les oeuvres, se rendre sur le site de l'Art Brut  de Lausanne. http://www.artbrut.ch 

                         ZAGAJEWSKI Stanislaw (1927-2008), Pologne  Stanislaw Zagajewski a été abandonné par sa mère à l’âge de deux ans devant une église de Varsovie, en Pologne, puis placé dans divers orphelinats. Plus tard, il apprend le métier de maçon, avant d’être employé à la restauration des stucs, dans la vieille ville de Varsovie. Parallèlement, il se met à modeler de la glaise pour contrecarrer l’hostilité que lui valent son non-conformisme et son infirmité - il boitille. En 1952, il quitte son emploi, emménage dans un bâtiment en ruines et se consacre au modelage. Stanislaw Zagajewski finit par s’installer à Wloclaweck où, grâce au parrainage du directeur d’une fabrique de céramiques, il peut faire cuire ses sculptures. Pour la suite de la biographie et les oeuvres, se rendre sur le site de l'Art Brut  de Lausanne. http://www.artbrut.ch 

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