• Pôle nord et pôle sud, disent-ils l'un de l'autre. Mais qui est nord et qui est sud ? L'origine géographique des deux artistes nous donnent une réponse. On constate également que les grands coloristes viennent souvent du nord. Vermeer, Rubens, Turner, Van Gogh pour n'en citer que quelques uns. Donc c'est Matisse, le picard, que nous placerons sans hésiter au nord et Picasso l'espagnol, au sud. Cézanne est bien l'exception qui confirme la règle. Il est le premier à trouver un tel équilibre entre  forme et couleur : quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude ! souligne-t-il. Cette dualité entre couleur et dessin est ancienne, elle opposait déjà les peintres de Venise (Titien, Tintoret, Véronèse) aux peintres de Florence et de Rome (Botticelli et Michel Ange), au XVII° la querelle du coloris divise Rubens et Poussin, puis au XIX° Delacroix et Ingres.

    Matisse & Picasso reconnaissent le précieux héritage de Cézanne. Matisse posséde un Cézanne qu'il consulte dans les moments de doute et désigne ce peintre comme "le Bon Dieu de la peinture". Picasso conserve trois Cézanne dont il dit avoir passé des années à les étudier :"Il était mon seul et unique maître!" Ces deux grands peintres du XX° ont compris le maître d'Aix, mais évoluent dans deux directions opposées. Pour l'un, son art est un hymne à la couleur et la joie de vivre, pour l'autre c'est engager une action dramatique dans lequel la réalité est déchirée ! Pour Matisse, l'art ne doit ni troubler, ni inquiéter. Il doit être équilibré, pur, tranquille, reposant.

    la Danse de Merion 1932-33 Fondation Barnes

    Pour Picasso au contraire, il doit réveiller les gens. "La peinture, dit-il, n'est pas faire pour décorer les appartements. C'est un instrument de guerre offensive et défensive contre l'ennemi."

    Picasso Guernica 1937 détail

    Malgré cette antinomie, l'un est l'autre se sont appréciés au point que Picasso confie à Matisse vers la fin de sa vie "il faut que nous parlions le plus possible. Quand l'un de nous deux mourra, il y aura des choses que l'autre ne pourra plus jamais dire à personne".

    Matisse est Picasso se sont rencontrés dès 1906 chez les Stein, Léo, Gertrude, Mickaël, esprits éclairés, venus des Etats Unis et appréciant l'art.  Matisse est venu tard en peinture, il a 30 ans en 1900 alors que Picasso son cadet de 12 ans a déjà visité la plupart des courants artistiques du XIX°.Leur rencontre se scelle en 1907 par un échange de tableaux. Matisse choisit une nature morte de Picasso, Picasso, le portrait de Marguerite la fille bien-aimée de Matisse.

    Cruche bol et citron & portrait de Marguerite 1907

    Avec "la femme au chapeau", "la joie de vivre" (1905) "le nu bleu" (1906) Matisse est alors le chef incontesté de la nouvelle peinture, bien que le public et la critique n'y voit là que prétexte à railleries. Picasso au retour de Gosol en automne 1906 découvre grâce à Matisse une statuette d'art africain. Il est stupéfait. C'est de cette découverte que remonte l'intérêt des deux artistes pour les arts primitifs. Avec les demoiselles d'Avignon, Picasso signe une oeuvre qui devient le manifeste du nouveau courant pas encore baptisé : le cubisme. Entre 1908-1913 c'est la brouille entre les deux peintres, ce qui n'empêche pas Matisse de faire connaitre Picasso à son mécène russe Chtchoukine. Ce dernier en 1914 possède trente Matisse et quelques cinquante Picasso !

    Matisse nature morte à la corbeille d'oranges 1912

    En 1918 Matisse part à Nice. La même année,  Apollinaire annonce "On vient d'avoir l'idée la plus rare et la plus imprévue, celle de réunir dans une même exposition les deux maîtres les plus fameux et qui représentent les deux grandes tendances opposées de l'art contemporain." Ces expositions conjointes se répétent en 1945 et 46.

    Picasso grande nature morte au guéridon 1931

    Tout au long de leur vie les deux peintres vont engager un dialogue. Picasso rejoint le midi après la seconde guerre mondiale. Il se rapproche de Matisse à qui il fait de fréquentes visites. Quand Matisse lui annonce en 1948 qu'il a l'intention de décorer une chapelle, Picasso, le communiste s'étonne. Il va lui aussi décorer sa chapelle : le temple de la guerre et de la paix à Vallauris. Matisse disparait en novembre 1954.  

    Picasso, travaillant sur le thème des femmes d'Alger de Delacroix, dit "en mourant Matisse m'a légué ses odalisques". Le vieil ami n'est plus là pour regarder sa peinture. "Il faudrait pouvoir mettre côte à côte tout ce que Matisse et moi avons fait en ce temps là. Jamais personne n'a si bien regardé la peinture de Matisse que moi. Et lui la mienne..." dit Picasso à la fin de sa vie. L'exposition aura lieu en 2002 au grand Palais à Paris.

    http://data0.eklablog.com/image-en-question/mod_article23256897_1.jpg http://data0.eklablog.com/image-en-question/mod_article23256897_3.jpg http://data0.eklablog.com/image-en-question/mod_article23256897_4.jpg http://data0.eklablog.com/image-en-question/mod_article23256897_5.jpg


    votre commentaire
  • Septième rencontre de « L’image en question »      Ce mercredi 14 septembre (séance reportée à la demande des participants) Jean-Pierre Helmlinger propose une seconde partie sur Cézanne. Il y sera notamment question de son apport dans la peinture moderne et nous essayerons de comprendre en quoi Cézanne modifie radicalement l’espace pictural. A partir de quelques œuvres nous imaginerons la méthode de travail du peintre et ce que signifie cette responsabilité qu’il s’est attribuée à l’égard de ses confrères : « Je vois dois la vérité en peinture et je vous la dirai. » L’influence de Cézanne est immense. Picasso, Matisse, Kandinsky, Giacometti et bien d’autres ont reconnu la dette qu’ils ont eue envers le peintre aixois.

       les baigneurs 1890-92 Musée d'Orsay 

    http://image-en-question.eklablog.com/cezanne-le-peintre-des-pommes-a5808325

     Huitième rencontre de « L’image en question »     Ce mercredi 5 octobre à 18h30, salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, Jean-Pierre Helmlinger propose un échange sur la génération 1900. Il y sera question des artistes des tendances fauve, cubiste et expressionniste et leur rencontre avec les arts non occidentaux principalement océaniens et africains. Cette découverte leur a permis de d’éclairer leurs recherches et d’y trouver une convergence et aussi une stimulation. Il s’agissait pour eux de rompre définitivement avec la tradition classique qui perdurait depuis des siècles. Van Gogh, Gauguin, Cézanne ont ouvert des voies, Matisse, Picasso, Nolde, Kandinsky et bien d’autres vont les emprunter.

    Picasso 1908 dryade 108x185 St Petersbourg

    http://image-en-question.eklablog.com/intitule-des-rencontres-2-semestre-2011-a5576561#!/la-generation-1900-a8010404

    Neuvième rencontre de « L’image en question »  Ce mercredi 2 novembre à 18h30, salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, Jean-Pierre Helmlinger propose un échange sur Matisse et Picasso et leurs contacts. Ce sera l’occasion de se pencher sur leur biographie respective et les œuvres de l’un et de l’autre qui se font écho. Une superbe exposition parisienne a présenté en 2002 leurs créations en miroir concrétisant le vœu de Picasso : « Il faudrait pouvoir mettre côte à côte tout ce que Matisse et moi avons fait en ce temps-là. Jamais personne n’a si bien regardé la peinture de Matisse que moi. Et lui, la mienne... » Actuellement au Grand Palais on les retrouve associés à Cézanne grâce à la collection Stein venue en France.

     Matisse les yeux bleus 1934Picasso nu couché 1932 Paris

    http://image-en-question.eklablog.com/intitule-des-rencontres-2-semestre-2011-a5576561#!/matisse-picasso-a23256897

    Dixième rencontre de « L’image en question »Ce mercredi 7 décembre à 18h30, salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, Jean-Pierre Helmlinger propose un échange sur Matisse. Matisse est bien peu reconnu en France, en tout cas moins qu’il ne l’est dans les pays anglo-saxons et en particulier les Etats Unis. Jusqu’au bout de sa carrière il a illustré le diction « nul n’est prophète en son pays » et  nous tenterons d’en comprendre à travers sa biographie les raisons. Actuellement au Grand Palais on le retrouve associés à Cézanne et Picasso grâce à la collection Stein venue en France.

      nature morte au magnolia 1941

    http://image-en-question.eklablog.com/intitule-des-rencontres-2-semestre-2011-a5576561#!/henri-matisse-a29569247


    votre commentaire
  • La révolution engagée par Cézanne a accéléré la découverte des arts non occidentaux par les artistes au tournant du XX° siècle . Trois tendances ont vu le jour simultanément : le fauvisme, le cubisme et l'expressionnisme et ces trois tendances ont trouvé dans les arts non occidentaux et particulièrement l'art africain et océanien, un encouragement à poursuivre leurs recherches. Avec Van Gogh, la couleur avait  perdu sa fonction imitative pour devenir expression des sentiments exacerbés de l'artiste. Il va devenir, malgré sa disparition prématurée en 1890, la principale source inspiratrice des expressionnistes et en particulier du groupe "die Brücke". Cézanne en se concentrant patiemment sur le motif a réussi à construire un nouvel espace avec la couleur : il réussit "à faire du Poussin sur nature", c'est-à dire à devenir classique en partant du motif. Matisse, Picasso, Braque,  Kandinsky, Giacometti... ont reconnu l'héritage de Cézanne. Quant à Gauguin,  même s'il ne réalise pas le primitivisme vers lequel il tend, comme le remarque Goldwater*, son départ vers l'Océanie est un acte déterminant pour signaler à ses amis, qu'il existe d'autres voies que la voie occidentale. Emil Nolde ne se trompe pas quand il affirme  en 1908 : "les grandes batailles picturales ont été livrées en France ; les grands français, comme Cézanne, Gauguin, Van Gogh furent les brise-glace. Les Français ont expulsés tous les anciens éléments de travail et ce n'est que de cette façon qu'on pourra créer un art neuf, qui aura sa place à côté du grand art ancien."   *Goldwater  (Directeur du Musée d'Art Primitif de New York)

    En 1909, Guillaume Apollinaire déclare : "Le Louvre devrait accueillir certains des chefs d'oeuvres  exotiques dont l'aspect n'est pas moins émouvant que celui des beaux spécimens de la statuaire occidentale."          Sans doute fait-il écho dans l'article du "Journal du soir" à l'intérêt porté pas nombre d'artistes aux arts non occidentaux en particulier, Derain & Vlaminck, Matisse et Picasso mais également les expressionnistes Nolde, Kirchner, Heckel... Il faudra attendre presqu'un siècle pour que cet appel soit repris par des personnalités intellectuelles et artistiques qui signaient un manifeste intitulés "Pour que les chefs d'oeuvres du monde entier naissent libres et égaux..." et qui en conclusion disaient "Si aucune décision n'est prise, la France de 1989 aura entériné, par un aveuglement qui n'est pas sans rappeler celui qui a justifié la nuit coloniale, l'exclusion pour des décennies à venir des oeuvres majeures produites par les trois quarts de l'humanité". En 2004, les arts premiers entraient au Louvre grâce à l'acharnement de Jacques Kerchache.  http://modules.quaibranly.fr/kerchache/11.swf

    Sculpture dogon Maître des yeux obliques Mali XVII°XVIII° 59cm

      Vlaminck est peut-être le premier à avoir acquis une statuette africaine dans un café de Bougival en 1905 et peu après, ce masque Fang, qui impressionna Derain. A l'automne 1906, Matisse en se rendant chez Gertrude Stein, découvre une statuette d'art nègre chez un antiquaire. Matisse rencontre Picasso chez les Stein et lui fait part de sa découverte. C'est de là que remonte notre intérêt commun pour l'art nègre, exprimera Matisse. Picasso, Matisse, Derain vont collectionner les oeuvres d'art africain.

    Masque Fang coll. Vlaminck

     Fin 1906 début 1907 c'est le moment où Picasso travaille aux "demoiselles d'Avignon" qui non seulement devient l'oeuvre-manifeste du cubisme mais porte un coup de grâce à la représentation traditionnelle de la figure.  Picasso 1906-1907 études et détail Demoiselles d'Avignon

    Picasso, seul,  en découvrant le musée du Trocadéro ressentit leur caractère magique, indifférent à ses amis. Malraux parlant de la découverte de l'art nègre par Picasso dans "La tête d'obsidienne". Avec l'art africain, les notions de "beau" et de "réel" qui ont prévalu depuis des siècles en occident perdent tout leur sens.Masques africains

    Emil Nolde  est le plus âgé et sans doute le plus influent du groupe expressionniste « Die Brücke » mais qu’il quittera au bout d'une année. "Les primitifs vivent dans leur nature, ils font un avec elle et sont une partie du grand tout. J’ai parfois l’impression qu’eux seuls sont de véritables humains et que nous autres nous ne sommes que des poupées articulées, artificielles et pleine d’obscurité."  Le message de Nolde dans "le missionnaire" de 1912 est très clair, sans doute davantage que celui que ce missionnaire vient apporter à cette femme noire.

    Nolde 1912 Le missionnaire

    Pour William Rubin du Musée d'art moderne de New York, l'emprunt est parfois indéniable. Il le mentionne chez Matisse dans le superbe portrait de sa femme de 1913 et rapproche le visage d'un masque Shira Punu du Gabon. Cité par Carlo Severi dans" L'empathie primitiviste"  http://imagesrevues.revues.org/794

     Matisse 1913 Portrait de Madame Matisse

    Masque Shira Punu Gabon et Madame Matisse


    votre commentaire
  • Les grosses pommes 1890-94

    Dès 1895, Thadée Natanson publiait dans La Revue blanche, dont il était à la fois le fondateur et le directeur, un article qui faisait de Cézanne le peintre de la pomme, comme on dit que Géricault est le peintre du cheval, Degas celui des petites danseuses ou Van Gogh celui des tournesols : « Pour l’amour qu’il a mis à les peindre, et qui lui a fait résumer en elles tous ses dons, il est et demeure le peintre des pommes, des pommes lisses, rondes, fraîches, pesantes, éclatantes, et dont la couleur roule, non pas de celles qu’on souhaiterait manger et dont le trompe l’œil retient les gourmands, mais de formes qui ravissent […] Il aura fait les pommes siennes. De par sa mainmise magistrale, elles lui appartiennent désormais. Elles sont à lui autant que l’objet à son créateur » (Catal. 95, p. 35). La remarque est juste, mais l’interprétation est faible : ce n’est ni la fraîcheur ni l’éclat du fruit qui tentent Cézanne, c’est plutôt la force de sa présence qui s’impose à lui, la pomme n’étant qu’une boule de matière, une sorte d’atome dense et formidablement grossi, l’archétype de la présence matérielle, la « Chose » par excellence. Si elle n’est en effet guère comestible, ce n’est pas parce que sa « forme » « ravit », comme l’écrit Natanson, mais plutôt parce qu’elle renverse l’antique relation de sujétion, non comme un fruit qu’on offre à notre gourmandise, mais comme une Chose qui subjugue le regard par l’hypnose de sa présence.  Jacques Darriulat Essai : Cézanne et la force des choses  http://www.jdarriulat.net/Essais/Cezanne/Cezanne2.html

    Regard des peintres sur Cézanne

     Kandinsky de Cézanne dans « Du spirituel dans l’art » Il savait faire d’une tasse à thé une créature douée d’une âme, ou plus exactement reconnaître dans cette tasse un être. Il élève la nature morte à un niveau tel que les objets extérieurement « morts » deviennent intérieurement vivants. Il traite ces objets de la même façon que l’homme, car il avait le don de voir partout la vie intérieure. (…) Ce n’est pas un homme, une pomme, un arbre qui sont représentés mais tout ce qui est utilisé par Cézanne pour la création d’une chose peinte à sonorité intérieure que l’on nomme image ».

    Sucrier, poires et tapis 1890-94 Philadelphie

     Giacometti  "Cézanne a fait sauter une espèce de bombe dans la représentation du monde extérieur. Jusque-là régnait une conception, qui était valable, en tout cas depuis le début de la Renaissance, depuis Giotto, très exactement… Cézanne a fait sauter une bombe dans cette vision en peignant une tête comme un objet. Il le disait : "Je peins une tête comme une porte, comme n'importe quoi." En peignant l'oreille gauche, en établissant plus de rapports entre l'oreille gauche et le fond qu'avec l'oreille droite, plus de rapports entre la couleur des cheveux et la couleur du chandail qu'avec la structure du crâne, il a fait sauter - et pourtant ce qu'il voulait, lui, c'était arriver quand même à l'ensemble d'une tête - il a fait sauter totalement la conception qu'on avait avant lui de l'ensemble, de l'unité d'une tête."

    Madame Cézanne en bleu 1886

    Matisse en novembre 1936 écrit au directeur du Musée du Petit Palais de Paris auquel il offre un Cézanne, les Baigneuses "Depuis trente-sept ans que je la possède, je connais assez bien cette toile, pas entièrement, je l'espère ; elle m'a soutenu dans les moments critiques de ma vie d'artiste ; laissez-moi à ce titre vous prier de lui donner la place qu'elle demande pour qu'elle puisse se donner dans toutes ses possibilités. Il lui faut pour cela, lumière et recul. Elle est savoureuse de couleur et de métier et par le recul elle met met en évidence la puissance exceptionnelle de ses rapports." Un témoin à propos de Matisse raconte :" Avec beaucoup de modestie et une profonde fierté, il nous montrait ses Baigneuses de Cézanne. Son silence en présence de la toile en disait beaucoup plus que des mots. A ce moment-là, l'atelier était pénétré d'une atmosphère d'enthousiasme et de respect."    Cité par Ph. Sollers dans "le Paradis de Cézanne"

    Les trois baigneuses 1879-82 Coll Matisse Petit Palais Paris

    Picasso s'exclame : « Si je connais Cézanne ! Il était mon seul et unique maître ! Vous pensez bien que j'ai regardé ses tableaux... J'ai passé des années à les étudier... Cézanne, il était comme notre père à nous tous. C'est lui qui nous protégeait''... » Picasso possédait trois Cézanne qui sont présentés à l'Hôtel du Marais devenu Musée Picasso à Paris. (Cinq baigneuses 1879-82  38x41, la mer à l'Estaque 1883-86 73x92, le Chateau noir 1904-06 73x92).

    La mer à l'Estaque Coll.Picasso   

    Au Salon d'Automne de 1907, Rainer Maria Rilke parcourt chaque jour la salle consacrée à Cézanne. C'est pour lui une véritable délectation esthétique. Sans doute a-t-il croisé là tous les futurs peintres de la génération 1900, Picasso, Braque, Léger et Matisse chef de file du Fauvisme, et bien d'autres pour qui Cézanne comptait tant. Le poète allemand s'arrête devant "la femme au fauteuil rouge" portrait d'Hortense Fiquet, aujourd'hui au musée de Boston. Il s'émerveille devant "la grande architecture colorée qui dit-il, se révèle aussi difficile à mémoriser qu'un nombre à plusieurs décimales". Rilke décrit le tableau avec minutie dans une lettre adressée à sa femme, peintre. Il y note : C'est comme si chaque point du tableau avait connaissance de tous les autres. Tant chacun participe, tant s'y combinent adaptation et refus ; de même que le tableau tout entier fait contrepoids à la réalité". Cette lettre datée du 22 octobre 1907 coïncide avec le premier anniversaire de la mort de Cézanne et le jour de fermeture du Salon d'Automne. (Extraits de Lettres à Cézanne par Rainer Maria Rilke traduction Ph. Jaccottet Ed. Seuil)

    Hortense Fiquet en robe rayée1877-1878 Boston


    votre commentaire
  • Le mercredi 15 juin nous avons abordé la vie de Paul Cézanne et nombreux sont ceux qui se sont intéressés au devenir de Paul Cézanne fils (1872-1947) et Hortense Fiquet (1850-1922) sa mère après la disparition du peintre Paul Cézanne le 22 octobre1906 à l'âge de 67 ans. Horstense et Paul fils vivaient dans la région parisienne et ils n'ont pas pu revoir Cézanne avant sa mort, avertis le 20 octobre par Marie Cézanne (soeur de Cézanne). Nous avions mentionné toute la confiance que Cézanne avait en son fils. "Mon cher Paul, pour conclure je te dirai que j'ai la plus extrême confiance dans tes sensations, qui impriment à ta raison l'orientation nécessaire à la direction de nos intérêts, c'est te dire que j'ai la plus grande confiance dans la direction que tu donnes à nos affaires." Lettre de Cézanne à son fils daté du 8 septembre 1906

    Cézanne après 1906...  Paul Cézanne fils va donc gérer la succession et il épousera en 1913 la fille de Georges Rivière (critique d'art impressionniste). Après s'être installé à Cagnes, il achétera en 1922 une propriété "la Nicotière" au sud de la forêt de Fontainebleau proche de Paris, sur les conseils de Jean Renoir l'ami intime (cinéaste et fils d'Auguste Renoir). Paul Cézanne fils et Jean Renoir perpétuent l'amitié de Paul Cézanne père et Auguste Renoir. "Paul Cézanne fils passa sa vie à vénérer le souvenir de son illustre père, rassemblant et classant toute sa correspondance - dont celle avec Zola - qu'il publia. La maison Nicot de Marlotte, servit d'écrin et de décor aux merveilleuses toiles qui prirent place sur les murs: des Renoir, Cézanne, Delacroix, Monet... un trésor qui fut gardé jour et nuit par cinq bergers allemands !  Quant aux invités dont Jean Renoir et ses amis venus de Saint-El, de Giverny, de Paris et d'ailleurs ils n'oublieront jamais l'accueil exubérant et fastueux du maître de maison, qui, durant de nombreuses années, tint table ouverte pour ses amis et les amis de ses amis."                                                                           extrait de http://www.apophtegme.com/ARTS/cezanne.htm que nous vous invitons à consulter ainsi que le lien http://www.apophtegme.com/ALBUM/renoir.htm intitulé Les RENOIR une magnifique famille d'artistes

    Cézanne après 1906...

       


    votre commentaire