• Dans le cadre de notre questionnement sur l'art moderne nous essayerons de signaler les expositions à venir qui peuvent motiver une visite. N'hésitez pas à nous faire part d'éventuels oublis...

    Matisse, Cézanne, Picasso... L’aventure des Stein                            Grand Palais, Galeries nationales  5 octobre 2011 – 16 janvier 2012                    L’exposition est organisée par la Rmn-Grand Palais, le Museum of Modern Art de San Francisco et le Metropolitan Museum of Art de New York.                               D’origine américaine, les Stein s’installent à Paris au début du XXe siècle : Gertrude, écrivain d’avant-garde, avec son frère Léo, rue de Fleurus ; Michael, l’aîné, avec son épouse Sarah, rue Madame. Premiers acheteurs de Matisse et de Picasso, ils accueillent chez eux toute l’avant-garde artistique et constituent ainsi une des plus étonnantes collections d’art moderne.
    L’exposition revient sur l’histoire de cette famille hors norme. Elle éclaire l’importance de son patronage pour les artistes et montre comment elle a contribué à imposer une nouvelle norme en matière de goût dans l’art moderne, à travers : le regard de Léo sur les sources de la modernité, ainsi que ses échanges avec les intellectuels de l’époque ; l’amitié de Gertrude avec Picasso ; les liens de Sarah avec Matisse ; les projets échafaudés par Gertrude avec les artistes dans les années 20 et 30… Cette importante manifestation réunit un ensemble exceptionnel d’œuvres des différentes collections des Stein : Renoir, Cézanne, Picasso, Matisse, Manguin, Bonnard, Vallotton, Laurencin, Gris, Masson, Picabia… 

    Michael Stein par Matisse 1916 et Gertrude par Picasso 1906

     pour en savoir plus http://www.rmn.fr/francais/les-musees-et-leurs-expositions/grand-palais-galeries-nationales-9/expositions/matisse-cezanne-picasso-l-aventure

    Cézanne et Paris      Musée du Luxembourg     12/10/2011  26/2/2012

    Si Cézanne (1839-1906) est généralement associé à la Provence, on ne saurait l’y restreindre. Plus de la moitié de son temps, à partir du moment où il se consacre à la peinture, se passe à Paris et en région parisienne. Il fait le voyage Aix – Paris plus de vingt fois ! Bien entendu, les raisons de sa venue ne sont pas les mêmes à vingt et soixante ans. L’artiste déjà âgé, encore incertain de son oeuvre (« je fais de lents progrès » écrit-il à la fin de sa vie) peint en se retirant sur les bords de la Marne ou du côté de Fontainebleau, quand ce ne sont pas des portraits de quelque marchand, de critique et toujours de sa femme. Il n’est plus le jeune homme, ambitieux de « conquérir » Paris avec la volonté d’entrer à l’école de Beaux arts et de présenter des oeuvres au Salon. À Paris Cézanne se confronte tout autant à la tradition qu’à la modernité. Il trouve les « formules » avant de les exploiter en Provence. Le va-et-vient entre Provence et Ile de France devient constant même si les rythmes évoluent. En tout cas après 1890, les critiques, les marchands, les collectionneurs commencent à s’intéresser à son oeuvre. Cézanne se montre attentif à cette reconnaissance qui ne peut venir que de Paris. Ainsi imprime-t-il plus que tout autre sa marque dans l’art moderne : des post-impressionnistes à Kandinsky, l’avant-garde le considèrera comme un précurseur, « notre père à tous », selon la formule de Picasso. Organisée en collaboration avec le Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, l’exposition revient sur le rapport essentiel de Cézanne à Paris. Elle réunit environ 80 oeuvres majeures issues du monde entier.                         Extrait de l'article de http://www.exponaute.com/expositions/487-cezanne-et-paris/description/


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  • Les rencontres de "L'image en question" se déroulent à la salle des associations de la mairie de Saint-Léonard (Vosges) chaque premier mercredi du mois (sauf exception précisée antérieurement sur ce blog et par voie de presse) de 18h30 à 20heures.

    Mercredi 5 janvier 2011  Première rencontre de l’activité qui n’a pas encore de nom. Vous êtes amateur d’art, vous êtes curieux et avide de connaissances dans le domaine artistique, ceci vous concerne. Nous avons imaginé ouvrir à Saint-Léonard un espace réservé aux Arts Plastiques essentiellement axé sur « voir, comprendre, et analyser » les œuvres qu’elles émanent des participants ou du vaste corpus des Arts Plastiques (musées et expositions). Il ne s’agit donc ni d’un atelier, ni d’un cours d’histoire de l’art, mais d’un lieu de rencontres, de confrontations et de projections d’images  animé par le  plasticien Jean-Pierre Helmlinger, professeur honoraire, agrégé en arts plastiques. L’activité nous semble combler un besoin de beaucoup de participants à la semaine des arts, mais aussi de personnes fréquentant les musées et souhaitant approfondir leurs connaissances dans ce domaine. Nous essaierons dans la mesure du possible de partir des problèmes rencontrés et d’utiliser des images pertinentes pour apporter des réponses. La première réunion permettra de tenter de cerner les besoins, les préoccupations et les interrogations des personnes présentes afin de dégager les grands axes de l’activité. Celle-ci aura lieu à la salle des associations de Saint-Léonard le mercredi 5 janvier 2011 de 18 h 30 à 20 h. http://image-en-question.eklablog.com/genese-des-rencontres-et-de-l-activite-a3076295

    Mercredi 2 février 2011 Deuxième  rencontre de « L’image en question » Aujourd'hui mercredi 2 février 2011, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, J-P Helmlinger propose un échange sur le thème « Organiser l'espace ». Que ce soit en peinture, en sculpture, en photographie, en dessin, il s'agit pour un créateur d'organiser l'espace, c'est-à-dire de composer. Partant des questions abordées lors de la première rencontre, et notamment le constat que la majorité des amateurs d'art appré­cient essentiellement le figuratif, il sera question d'essayer de montrer, à partir d'exemples tirés de la peinture et de la photo, que derrière l'anecdote ou la chose représentée, apparaît toute une organisation de l'espace porteuse de sens, à laquelle chacun tentera de se sensibiliser. http://image-en-question.eklablog.com/rubens-et-la-descente-de-croix-a3024095

    Déposition Lavis de Rubens conservé au Rijksmuseum

    Mercredi 2 mars 2011, troisième rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 2 mars 2011, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, J-P Helmlinger propose un échange sur la question « la modernité en art ».Certains ont vu chez  Manet une rupture dans la manière et dans l’esprit. Nous replacerons la naissance de ce nouveau courant pictural dans le contexte  des salons officiels et regarderons quelques œuvres de Manet pour voir s’il y a une rupture, de quelle rupture il s’agit et de comprendre le tapage  que le peintre a suscité.  Des poètes se sont sentis solidaires de cette nouvelle approche qui a modifié nos regards sur la peinture et l’art en général.  http://image-en-question.eklablog.com/les-rencontres-a4162071#!/dossier-edouard-manet-1832-1883-a3146713

    Manet Le bar des Folies Bergères 1882

    Mercredi 6 avril 2011, quatrième rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 6 avril 2011, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, J-P Helmlinger propose un échange sur la question « l’espace pictural et les procédés optiques (1) ». Nous revisiterons quatre siècles de peinture à la lumière d’une découverte toute récente sur l’utilisation par les peintres de procédés optiques. Cette découverte est très intéressante car elle nous amène à ré-envisager la notion d’espace pictural à partir des procédés utilisés. Puis elle va mieux nous faire comprendre l’extraordinaire apport de Cézanne dans l’art moderne et toutes les voies qu’il a ouvertes et particulièrement celle du cubisme. http://image-en-question.eklablog.com/les-rencontres-a4162071#!/les-moyens-optiques-et-les-artistes-1-a3378659 

     Vermeer la fille au chapeau rouge 1666-67

    Mercredi 4 mai 2011,  cinquième rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 4 mai 2011, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, J-P Helmlinger propose un échange sur la question « la découverte de la perspective et ses implications ». La découverte de la perspective par Brunelleschi vers 1415 va imposer au cours des siècles à venir le triomphe du « point de vue unique ». Nos yeux n’enregistrent pas les choses comme l’appareil photo et pourtant « nous vivons toujours sous la tyrannie de la perspective et le point de vue unique restreint notre perception des choses » dit David Hockney. http://image-en-question.eklablog.com/les-rencontres-a4162071#!/les-moyens-optiques-et-les-artistes-2-a3621755  http://image-en-question.eklablog.com/la-photographie-et-les-peintres-au-xix-a3854467

    La cité idéale d'Urbino 1475 attribuée à Francesco di Giorgio Martini

    Mercredi 15 juin, sixième rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 15 juin (séance reportée à cause de la semaine des arts) J-P Helmlinger propose un échange sur Cézanne où nous parlerons de ses débuts, de son amitié avec Emile Zola, des liens avec les peintres impressionnistes et particulièrement Pissarro.   Nous tenterons d’approcher le caractère particulier de ce peintre qui a ouvert les voies de la plupart des mouvements picturaux du XX° siècle. Une seconde partie plus spécialement réservée à l’analyse de quelques unes de ses œuvres aura lieu à la rentrée de septembre et dont le contenu sera signalé en temps utile. http://image-en-question.eklablog.com/les-rencontres-a4162071#!/cezanne-un-destin-hors-du-commun-a4064467

    A gauche Pissarro à droite Cézanne l'Hermitage 1874


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  • Tout comme Manet, Cézanne  est en marge du mouvement impressionniste. De ses expériences parisiennes, il n’a rencontré qu’une profonde incompréhension, du public, des critiques et de la plupart de ses amis peintres au point qu’il finit par se retirer dans la campagne aixoise dès 1884 pour accomplir un travail solitaire abandonnant le projet de percer à Paris malgré quelques fréquents mais assez brefs retour vers Paris.

    Cézanne est un exemple de persévérance et d’opiniâtreté, conscient qu’il avait un rôle à jouer dans la peinture.  Les échecs accumulés ne font que renforcer sa détermination. ● Echecs au concours d’entrée à l’école des Beaux-arts  ● Encouragées par Camille Pissarro, ses deux participations aux expositions impressionnistes (1874 & 77) sont décevantes  ● Ses œuvres à une exception près (1882) sont régulièrement refusées aux différents Salons.  ● Pour couronner le tout, son amitié avec Zola est rompue définitivement avec la publication en 1886 de « L’œuvre » qui fait la description d’un peintre raté.

    Cézanne photographié vers 1861

    Cézanne garde sur Paris un lien fort avec Camille Pissarro qu’il rencontre dès 1861 à l’Académie Charles Suisse un lieu de travail pour les artistes peu argentés. Une complicité entre les deux artistes va durer de 1865 à 1885. Pissarro initie Cézanne son cadet de neuf ans à la peinture de plein air et Cézanne le jeune élève apporte à Pissarro le sens de la construction de l'espace pictural. Jamais Pissarro n'a douté de Cézanne et il fut bien le seul à percevoir sa valeur dès ses débuts. Cézanne conserve de "l'humble et colossal Pissarro" une profonde estime et reconnait sa dette en disant de lui : "Ce fut un père pour moi. C'était un homme à consulter et quelque chose comme le Bon Dieu". Voir l'article http://www.lexpress.fr/culture/art-plastique/c-eacute-zanne-pissarro_482803.html

    Camille Pissarro vers 1900

    De cet apprentissage il se forge un style qui apparait avec "le pont de Maincy" fin 79-80. Dans cette œuvre on voit apparaitre ce qui constitue le langage de Cézanne : une touche hachurée qui structure solidement l’espace tout en respectant la planéité de la toile. En fait, le sujet n’est qu’un prétexte à élaborer un espace pictural, à faire ce qui est pour le peintre une obsession : « du Poussin sur nature », en d’autres termes « un art solide comme l’art des musées ».

    Le pont de Maincy 1879

    1886 année particulièrement dense en évènements. ● Mars : dernière lettre de Cézanne à Zola qui vient de publier « l’œuvre ». Cézanne ne reverra plus Zola. ● Avril : il épouse enfin Hortense Fiquet légalisant une relation de 17 ans longtemps cachée à son père dont est né un fils. ● Octobre : mort du père de Cézanne, l'ancien chapelier reconvertit dans la banque laisse à ses enfants un solide héritage. Cézanne restera à l’abri du besoin. 

     A la fin de sa vie en dehors des nombreux paysages ayant pour sujet la montagne Sainte-Victoire, ce sont ces grandes compositions des « baigneuses » qui vont l’occuper. C’est un jeune étudiant de 27 ans, Ambroise Vollard qui va l’exposer en 1895 avec 150 œuvres présentées et ce sera un succès.   Notons que cette exposition Cézanne organisée par Vollard marque un tournant dans le marché de l’art. Personne jusqu’alors n’avait mesuré le génie du peintre d’Aix. Désormais le règne des galeristes va supplanter celui des salons et des institutions officielles.Ambroise Vollard par Cézanne 1899

    A part Pissarro qui n’a jamais douté de lui, ces anciens amis, qui l’avaient oublié le redécouvrent. Pour de nombreux jeunes artistes (Emile Bernard, Charles Camoin, Maurice Denis…), il devient la référence et on vient le voir à Aix. Cézanne se méfie du succès. Il redoute qu’on le récupère qu’on lui mette « le grappin dessus » selon son expression. Il a conscience de son art et de l’objectif qu’il souhaite atteindre. « Je vous dois la vérité en peinture et je vous la direz. »

    La reconnaissance tardive n'empêche pas Cézanne de terminer sa vie dans une solitude quasi monastique. La peinture moderne et particulièrement les nouveaux courants picturaux et pas seulement le cubisme, sont dans le prolongement direct des découvertes de Cézanne. Ce qui fera dire à Picasso : « Cézanne, notre père à tous »

     Portrait de Cézanne par Mary Cassatt relaté par Raymond Jean dans son livre « Vie de Paul Cézanne » p284 ed.Arléa 2000                 Cézanne a rendu visite à Monet à Giverny. A une des ses occasions la rencontre à l’auberge du village de l’artiste américaine Mary Cassatt donne lieu à un portrait particulièrement contrasté et vivant de Paul Cézanne.

    « Il ressemble à la description d'un Méridional par Daudet. Quand je l'ai vu pour la première fais, il me fit l'impression d'une espèce de brigand (a cut-throat, un coupeur de gorge) avec des yeux larges et rouges à fleur de tête, qui lui donnaient un air féroce, encore augmenté par une barbiche pointue, presque grise, et une façon de parler si violente qu'il faisait littérale­ment résonner la vaisselle. J'ai découvert par la suite que je m'étais laissé tromper par les apparences car, loin d'être féroce, il a le tempérament le plus doux possible, comme un enfant...

    De prime abord, ses manières m'ont surprise. Il gratte son assiette de soupe, puis la soulève et fait couler les dernières gouttes dans sa cuillère ; il prend même sa côtelette dans ses doigts, arrachant la viande de l'os. Il mange avec son couteau et, de cet instru­ment qu'il saisit fermement au début du repas et qu'il ne lâche qu'en se levant de table, il accompagne cha­que geste, chaque mouvement de sa main. Pourtant, en dépit de ce mépris total du code des bonnes ma­nières, il fait montre à notre égard d'une politesse qu'aucun des autres hommes, ici, n'aurait eue. Il ne permettra jamais à Louise de le servir avant nous, dans l'ordre dans lequel nous sommes assis à table ; il se montre même déférent envers cette stupide bonne, et il enlève la calotte dont il protège son crâne chauve dès qu'il entre dans la pièce...

    La conversation au déjeuner et au dîner se tourne principalement vers l'art et la cuisine. Cézanne est un des artistes les plus libéraux que j'aie jamais vus. Il commence chaque phrase par "Pour moi, c'est ainsi", mais il admet que d'autres puissent être tout aussi honnêtes et véridiques envers la nature, selon leurs convictions. Il ne pense pas que tout le monde doive voir de la même manière. »

    Cézanne autoportait 1875

    Et enfin citons ce passage de Rainer Maria Rilke (traduction Philippe Jaccottet) des "Lettres sur Cézanne" ed. Seuil : "Tu te souviens sûrement du passage des Cahiers de Malte Laurids où il est question de Baudelaire et de son poème "La charogne". J'en suis arrivé à penser que, sans ce poème, l'évolution vers le langage objectif que nous croyons reconnaître maintenant en Cézanne n'aurait jamais pu commencer ; il fallait d'abord qu'il fût là impitoyable. (...) Tu jugeras de mon émotion en apprenant que Cézanne dans ses dernières années, savait encore par cœur et pouvait réciter sans en omettre un mot justement ce poème "La charogne" de Baudelaire.

    Pour compléter ce portrait, il serait bon d'insister sur la culture classique de Cézanne qui récite des vers d'Homère et de Virgile avec ses amis Emile Zola et Baptistin Baille  et qui émaille ses correspondances de citations latines. 


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  • Ingres photographié par Disderi en 1860

    Au Salon de 1859, la photographie, pour la première fois avait droit de prendre place dans le voisinage immédiat de la peinture, de la sculpture et de la gravure. Son avènement a bouleversé le monde des arts plastiques au point que Ingres (1780-1867), pourtant utilisateur de la chambre claire, signe en 1862 une "Protestation des grands artistes contre toute assimilation de la photographie à l'art". C’est lui qui affirmait peu de temps avant cette levée de boucliers : « Lequel d'entre nous serait capable de cette fidélité, de cette fermeté dans l'interprétation des lignes, de cette délicatesse dans le modelé! (...) C'est très beau la photographie... C'est très beau, mais il ne faut pas le dire!... »   On peut comprendre ce mouvement d’humeur de certains artistes quelque peu dépassés par ce procédé chimique qui vient sérieusement concurrencer leur pratique.

    Rejlander "les deux modes de vie"

    Vers le milieu du XIX°, les peintres et miniaturistes se sont parfois reconvertis vers la photographie. C’est le cas du britannique  Rejlander (1813-1875) qui abandonne peinture et miniature. Une œuvre photographique bien connue de lui intitulée « The two ways of life » (les deux modes de vie) montre un père de famille et ses deux fils qui vont vers deux mondes différents, l’un regarde vers l’oisiveté, la luxure et la débauche, l’autre se tourne vers la religion les études et le travail. D’un côté un tableau rappelant "les romains de la décadence" (Couture) de l’autre une composition moralisatrice à la "Greuze". Au centre une femme nue, visage voilé symbolise le repentir en se tournant du côté du "bien". Cette photo qui date de 1857 mesure 77x41 cm et elle est composée d’une trentaine de négatifs différents. En effet il eût été impossible de regrouper, faire poser et éclairer sur une même scène autant de personnages. Cela fait penser immanquablement aux compositions des peintres flamands dont Hockney nous a éclairé sur le procédé (Van Eyck, Dirk Bouts…) Peinture et photographie ont décidément bien des choses en commun…(Ref : http://www.ens-louis-lumiere.fr/fileadmin/recherche/Bazaud-photo2004-mem2.pdf )

      A partir de 1890, les photographes vont se distinguer dans un mouvement qu’on nommera « pictorialisme ». Robert Demachy (1859-1936) est un chef de file de ce courant. On cherche à se différencier du photographe amateur (les appareils se démocratisant) mais également tenter de faire admettre ce savoir faire dans le corpus des Beaux-arts. C’est une période où la photographie tentera de se rapprocher des effets produits par les peintres.

    Robert Demachy 1859-1936

     

    Heinrich Kuhn 1910 Autochrome

     


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  • Dans le reportage anglais "Sous la peinture, la photographie" datant de 2001, David Hockney tente de retrouver la démarche de certains peintres qui utilisent la camera obscura pour élaborer leur oeuvre. Il y découvre les talents de "metteur en scène" du Caravage (1573-1610). C'est ainsi que l'artiste britannique se livre devant la caméra non sans difficultés à la reconstitution du tableau "les tricheurs" (1594-95) composé en positionnant successivement les trois personnages.

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     La profondeur de champ des objectifs utilisés étant limitée, Caravage devait construire son tableau en trois parties.  Il plaçait successivement les trois personnages. Les deux jeunes garçons sont en fait le même modèle dans des positions, expressions et costumes différents.

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    On remarque que le troisième personnage debout au fond de la scène, semble regarder dans le dos du joueur naïf car sa ligne de regard est approximative.

    Caravage 1594-95 Les tricheurs

    A la question judicieuse d'une auditrice : mais pourquoi n'a-t-il pas corrigé ce détail du regard ? Hockney donne une réponse au cours du reportage : "Bien sûr moi, je savais quels problèmes j'allais rencontrer, mais malgré tout, j'ai eu des soucis de ligne de regard, d'échelle, etc... Mais je crois que Caravage était tellement époustouflé par son image qu'il n'a rien remarqué. On est toujours en admiration devant les nouvelles technologies et ce n'est que plus tard que l'on en découvre les limites".

    A la lumière de ce que nous apprend David Hockney nous revisiterons beaucoup de peintres avec un autre regard, à commencer par Georges de la Tour... exemple "La diseuse de bonne aventure" (vers 1635. MOMA New York)

    Georges de la Tour vers 1635 La diseuse de bonne aventure

     Le tricheur à l'as de carreau (1635) du Musée du Louvre de Georges de La Tour reprend le thème exploité par le Caravage.

    Georges de la Tour 1635 Le tricheur à l'as de carreau

     Que le peintre utilise ou non la camera obscura, les stylisations sont superbes et révèlent de nombreuses rimes plastiques. En redondance à la multitude de perles (colliers et pendentifs, boucles d'oreille) notons sur le visage de la femme, la forme ovale répétée qui révèle une expression impassible, lisse et fermée...

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    L'avènement de la photographie "chimique" en 1839, n'est que le dernier épisode de l'utilisation des moyens optiques. Et finalement la photographie chimique n'aura duré qu'un peu plus d'un siècle et demi. La manipulation informatique des images à la fin du XX° siècle discrédite totalement ce qui faisait la qualité de la photographie chimique : sa véracité, son objectivité. Hockney fait remarquer que le grand photographe Cartier Bresson a cessé de faire de la photo vers 1975, dès qu'il a pressenti qu'elle perdait de sa pureté. Etrangement le photographe célèbre s'est mis au dessin...Juste retour des choses. Les premiers photographes n'étaient-ils pas d'excellents dessinateurs ou caricaturistes ? Hockney termine son reportage en nous montrant ce que Cézanne qualifiait de "folie mensongère" : La vague de Bouguereau (1896)

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    Avec son humour très britannique, il explique que désormais tous les photographes utilisant le numérique peuvent désormais revenir au dessin en détourant des images... exactement comme l'a fait William Bouguereau en projetant sur sa toile deux photographies : une femme nue et une vague. En attendant des époques nouvelles sans doute passionnantes,"nous vivons toujours dans le cauchemar de la perspective. Le point de vue unique restreindra toujours notre perception des choses", conclut Hockney.

    http://data0.eklablog.com/image-en-question/mod_article3621755_15.jpg


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