• Kandinsky (1866-1944) vient à la peinture en 1897, il a 31 ans. Il a fait son droit et exerce plusieurs années avant de découvrir la peinture à Munich où il devient vite le chef de file de la nouvelle peinture. Il y restera de 1896 à 1914 à l’exception  de quelques voyages (Pays-Bas, Italie, Tunisie) et  d’une année à Paris 1905-06 . Là il va découvrir la peinture fauve au salon d’automne et Matisse. Deux sources d’inspiration sont à rappeler : l’âme russe (les légendes, Saint-Georges et le dragon thème récurrent de son œuvre) et la musique. Il est l’ami de Arnold Schönberg et de Paul Klee lui aussi musicien. Beaucoup de titre évoque la musique (improvisations, compositions…) et il a lu le traité des couleurs de Gœthe qui aborde le côté symbolique et mystique de la couleur. Dans "Du spirituel dans l'art" écrit en 1909 et publié deux ans plus tard, il parle de son intérêt pour la théosophie, doctrine ésotérique développée par Héléna Blavatsky une russe qui a séjourné aux Indes. La thésophie  inspirera beaucoup de créateurs du début du XX°. Cette doctrine reprise par Annie Besant puis Rudolph Steiner (anthroposophie) sera à l'origine d'une spiritualité laïque.

     La guerre l’oblige à quitter l’Allemagne et après une période dépressive il est appelé à réorganiser les musées la jeune URSS dès 1917.

    Puis quatre ans plus tard il revient en Allemagne où il va enseigner au célèbre BAUHAUS.  En 33 il quitte définitivement l’Allemagne pour s’installer en France et y finir sa vie.

       Kandinsky Tableau au bord blanc 1913

     Tableau au bord blanc 1913

    Kandinsky reprend de manière récurrente le thème de Saint Georges et le dragon si fréquemment traité par les peintres d'icônes de sa Russie natale. L'espace pictural devient pour lui le lieu du combat où deux forces s'affrontent.

      

     En 1911, Kandinsky vient de fonder "Blaue Reiter" à Munich et il écrit à son ami Franz Marc : « J'ai un nouveau projet. Une sorte d'almanach avec des reproductions et des articles... et une chronique. Un lien avec le passé ainsi qu'une lueur éclairant l'avenir doivent faire vivre ce miroir... Nous mettrons une œuvre égyptienne à côté d'un petit Zeh (nom de deux enfants doués pour le dessin), une œuvre chinoise à côté d'un Douanier Rousseau, un dessin populaire à côté d'un Picasso et ainsi de suite. Peu à peu nous attirerons des écrivains et des musiciens. » Cet Almanach toujours disponible, sorte de "musée imaginaire" est publié en 1912 et il y développe l'idée toute théosophique d'un art qui ne connaitrait "ni peuples, ni frontières mais la seule humanité" selon les mots de Kandinsky. Deux ans plus tard, l'europe se déchire et Kandinsky déprimé passe par une période peu créative. 

           Kandinsky Jaune rouge bleu 1925

      Jaune rouge bleu 1925

    Dans cette oeuvre nous pouvons y voir deux forces en présence. A gauche une dominante jaune et chaude cernée par la complémentaire violette, à droite une masse ronde et bleue cernée par le jaune. Au centre une liaison rouge. Les figures flottent dans un espace. Nous avons la liberté d'interpréter cette oeuvre : solaire/lunaire - masculin/féminin -  lumière/obscurité...

    ( Voir l'analyse qu'en fait Alain Jaubert dans sa série "Palette")

      

    Kandinsky ouvre une nouvelle tendance de la peinture, tout comme Mondrian et Malevitch dans la même période... Il est curieux de constater que non seulement l'abstraction est née dans plusieurs endroits presque simultanément sans pratiquement aucun contact entre ces artistes, et que chacun d'eux noue des liens étroits avec la spiritualité. Théosophie pour Mondrian et Kandinsky, mysticisme chez Malevitch qui recherchait un être supérieur au delà du monde des objets.

      

    http://figures.blog.free.fr.blog.free.fr/index.php?post/2010/le-mythe-de-puret%C3%A9%2C-Matisse%2C-Mal%C3%A9vitch%2C-Mondrian

    Voici une excellente étude par Olivier JULLIEN intitulée "MATISSE, MALEVITCH, MONDRIAN, voie de la paix par la PURIFICATION" pour ceux qui veulent aller plus loin et comprendre le lien qui unit Matisse aux abstraits ! “La révélation m'est toujours venue de l'orient ” dit-il, et encore : “je cherche à exprimer le sentiment religieux que j'ai de la vie...tout art digne de ce nom est religieux ”. Ainsi Matisse, délimite son  univers pictural  et  sa mystique, plaçant  en  fait  l'art  au  rang  d'une pratique religieuse, comme expression supérieure de la vie. 


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  • La lecture d'un article d'Alice Miller dans "La souffrance muette de l'enfant" nous apprend beaucoup sur cet artiste prolifique et inventif. A une exposition des oeuvres tardives de Picasso organisée à Bâle, Alice Miller relève une souffrance qui semble trouver son origine dans l'enfance du peintre. On le savait en lisant la plupart des biographies : cet artiste n'a jamais réalisé de dessins d'enfant. "Il avouait lui-même qu'enfant il n'avait jamais peint que des tableaux d'adulte, et qu'il lui avait fallu quarante ans de sa vie pour arriver à peindre comme un enfant, autrement dit, pour laisser parler son inconscient. "Ce qui lui fera dire avec humour " Il faut très longtemps pour devenir jeune". Très tôt il copie les colombes que son père (professeur de dessin) peint et il apprend à observer dès son plus jeune âge. Ce qu'on sait moins, et que nous révèle Alice Miller, c'est que le petit Pablo a vécu un terrible tremblement de terre à l'âge de trois ans, très peu de temps avant la naissance de sa première sœur Dolorès. "Que l'on essaie d'imaginer ce que peut provoquer, chez un enfant de trois ans, le fait d'être conduit par son père, dans l'obscurité, en plein tremblement de terre, avec sa mère enceinte, à l’autre bout de la ville, dans un appartement inconnu où il va assister à la naissance de sa sœur." Et Alice Miller de poursuivre "A cela viennent s'ajouter chez Picasso deux facteurs supplémentaires : son père lui a appris à aiguiser son regard, et sa mère à garder le silence. Le don d'observation a été cultivé chez l'enfant dès son plus jeune âge, mais il ne fallait pas traduire par la parole ce qu'on avait vu."  Le jeune artiste est admiré par les parents. "Le plus cher désir du père était de voir son fils devenir un peintre célèbre, ce que lui-même avait cruellement regretté de ne pas réussir. Et le plus cher désir du fils était de se faire aimer de son père." L'école primaire est pour lui un doux calvaire et on le retire rapidement sans qu'il acquiert les fondamentaux. La seule chose qui le motive est le dessin à travers lequel il sent toute l'admiration du père. Beaucoup de biographies signalent le décès de sa seconde sœur Conchita d'une diphtérie en 1895. Pablo (14 ans)  reste très affecté par cette disparition. S'ajoute à cela le suicide de son ami Casagémas en 1901 et la mort de sa compagne Eva en 1915. La création chez Picasso sera souvent une sorte de conjuration de la mort, et comme il le dira lui même souvent une sorte d'exorcisme. Alice Miller remarque "Beaucoup de contemporains et amis de l'artiste s'accordent à dire qu'il ne se sentait véritablement vivre que lorsqu'il peignait."

     Portrait de Casagémas 1899

     « Considérer que tout ce qui nous entoure c’est ennemi » est quelque chose qui est resté en lui (Picasso) toute sa vie et c’est une des clés les plus profondes pour comprendre son art. »    André Malraux parlant de Picasso

    Picasso visite le musée du Trocadéro (futur musée de l'homme) en 1907. Confronté aux arts dits primitifs, il s'y trouve très mal à l'aise mais ne peut quitter ce lieu poussiéreux qui sent le chloroforme. Il perçoit spontanément la dimension magique de l'art nègre. « Mais tous les fétiches, ils servaient à la même chose. Ils étaient des armes pour aider les gens à ne plus obéir aux esprits, à devenir indépendants. Des outils. Si nous donnons une forme aux esprits, nous devenons indépendants. Les esprits, l’inconscient (on n’en parlait pas encore beaucoup), l’émotion, c’est la même chose. J’ai compris pourquoi j’étais peintre. » Propos de Picasso, cité par André Malraux, La Tête d’obsidienne, Paris, Gallimard,1974, p.18. « J’ai reconnu un art qui donnait à la sculpture la même fonction que moi. Il ne s’agissait pas d’imiter des formes pour les copains. Il s’agissait de retrouver une attitude fondamentale de l’artiste face à l’univers »  Picasso cité par Malraux

    Têtes des demoiselles 1907

    "La cohabitation de l’éros et du thanatos au sein des « Demoiselles » rappelle une composante particulière de la psychologie de Picasso : la crainte invétérée et son dégout du corps féminin qui coexistaient avec son désir ardent et son idéalisation extatique de ce corps. Cette ambivalence s’est manifestée maintes fois dans l’art de Picasso comme dans son comportement et s’est caricaturée dans sa réputation de traiter les femmes « comme des déesses ou des paillassons"  William Rubin Extrait de "Le primitivisme au XX°" tome I Ouvrage collectif sous la direction de William RubinOlga 1918 Olga 1928                                                                        Olga en 1918              Olga en 1928


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  •  Onzième rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 4 janvier 2012 à 18h30, salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, Jean-Pierre Helmlinger propose un second échange sur Matisse. Nous y analyserons quelques œuvres de ce peintre bien français qui par bien des aspects a prolongé les recherches de Cézanne. De la chapelle de Vence il a fait son chef d’œuvre. « Je veux que ceux qui entreront dans ma chapelle se sentent purifiés et déchargés de leur fardeau ». Cet homme tourmenté et inquiet a passé sa vie de peintre à offrir à travers ses œuvres la joie de vivre, la lumière et la paix. http://www.youtube.com/watch?v=APaXLXAVkmQ Reportage de la BBC sur la chapelle de Vence, même en langue anglaise, émotion assurée !

    chapelle de Vence par Matisse 1952

    Douzième rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 1er février 2012 à 18h30 salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, Jean-Pierre Helmlinger propose un échange sur les débuts de Picasso. Avant cela nous aborderons une question qui semble intéresser la plupart des participants : comment appréhender les œuvres dans une exposition ou un musée quand les repères et les clés nous manquent. Cela nous permettra de faire un retour sur l’arrivée d’un art qui autour de 1900 a dérouté le public.

     portrait du père de l'artiste 1896

      Treizième r encontre de « L’image en question » Ce mercredi 7 mars 2012 à 18h30 salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard, dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, Jean-Pierre Helmlinger propose un second échange sur Picasso. Ce grand créateur du XX° siècle mérite qu’on s’attarde un peu sur son œuvre qui est souvent mal perçue. Nous nous pencherons sur quelques œuvres importantes et tenteront de dégager de nouvelles clés de lecture.

    les baigneuse 1918  22x27

     Quatorzième rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 4 avril 2012 à 18h30 salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard,  dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, Jean-Pierre Helmlinger propose un dernier échange sur Picasso. Nous y parlerons de la dernière période qui est sans doute la plus créative mais parfois aussi la plus contestée. Picasso quel héritage, quelle succession, comment le percevons nous quarante ans après sa disparition ?

      Intitulé des rencontres 1er semestre 2012

    Quinzième de rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 2 mai 2012 à 18h30 salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard,  dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expressio n, Jean-Pierre Helmlinger vous propose d’aborder les débuts de l’abstraction avec Kandinsky, Mondrian et Malevitch. Ces artistes ont ouvert des voies passionnantes. Nous y découvrirons ce qui les reliait mais également ce qui les distinguait. C’est un moment important si l’on veut se sensibiliser, à l’expressionnisme abstrait ou à l’abstraction géométrique.

       Intitulé des rencontres 1er semestre 2012 

     

    Seizième rencontre de « L’image en question » Ce mercredi 6 juin 2012 à 18h30 salle des associations de la Mairie de Saint-Léonard,  dans le cadre des activités proposées par Saint-Léon’art Expression, Jean-Pierre Helmlinger vous propose de porter un regard sur l’auteur du « Nu descendant un escalier ».  Marcel Duchamp reconnu dans le monde entier (sauf peut-être en France) comme celui qui est à l’origine de tout ce qui est conceptuel en art… Se réclameront de lui les artistes des tendances aussi diverses que Pop Art, Néo-dadaïsme, Op’art, nouveaux réalistes, Fluxus… Encore un artiste incontournable pour entrer dans l’art de notre temps.

         Intitulé des rencontres 1er semestre 2012

     


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  • L'objectif de ce blog est de sensibiliser son utilisateur à l'art moderne. Il est mis à jour mensuellement, suite à nos rencontres et nos échanges autour de projection d'images. Les articles s'empilent par ordre d'arrivée, ainsi le plus ancien est tout au fond du blog sur la dernière page. Si le nouvel arrivant ou internaute commence par l'article le plus récent, il aura du mal de saisir le fil du discours qui nous parait essentiel. Ainsi cet article sera placé en tête de blog et fera régulièrement une synthèse du propos abordé. "Pour y voir plus clair" permet l'accès à l'article développé.                                                                                                                                                                                                                                                                             Genèse de l'activité  La dénomination de notre activité a donné lieu à une intense et créative semaine de recherche pour aboutir sur « l’image en question ». En effet, « l’image » parce que dans notre lieu de rencontre nous sommes contraints de regarder et visionner des images (reproduction d’œuvres) pour en parler, en étant pour autant conscients que le véritable contact avec les œuvres est irremplaçable, ce qui donnera lieu à des visites de musées ou d’expositions. « En question »parce que la rencontre avec les œuvres nous apporte une ouverture, un autre point de vue, un questionnement, plutôt que des réponses. Pour en savoir plus... Aborder  les oeuvres dans un musée ce conseil de Jean Bazaine est avant tout un état d'esprit :"C'est le tableau qui te regarde; laisse toi saisir par l'oeuvre " Pour y voir plus clair...  Rubens et la descente de croix Toute oeuvre qu'elle soit figurative ou non est d'abord la construction d'un espace. Il s'agit pour l'artiste d'organiser cet espace, c'est à dire de composer.Pour y voir plus clair... Manet inventeur de l'art moderne ? Voici un beau débat en perspective qui a donné lieu à une exposition au Musée d'Orsay. Manet, chef de file des impressionnistes n'a jamais exposé avec eux. S'il y a eu rupture, quelle rupture ? Pour y voir plus clair... David Hockney revisite quatre siècles de peinture. Ce plasticien contemporain utilisateur de la photographie s'interroge sur ce changement radical survenu vers 1420. Ses recherches et conclusions nous amènent à relire l'ensemble de l'art occidental. Pour y voir plus clair... Hockney démonstration suite... Le point de vue unique est issu de l'invention de la perspective par Brunelleschi  vers 1415 et va régner sur les arts plastiques jusqu'à la fin du XIX° siècle. L'avènement de la photographie chimique n'est que le dernier épisode de cette approche. Pour y voir plus clair... Cézanne un destin hors du commun : il est intéressant pour comprendre l'apport de cet artiste de se pencher sur sa biographie, sa rencontre avec Pissarro, avec Poussin au Louvre et sa solitude à Aix. Pour y voir plus clair... Cézanne le peintre des pommes Cézanne notre père à tous : les artistes de génération 1900 et bien au delà s'accordent à reconnaitre l'héritage de Cézanne. Il est incontestable que nait, avec cet artiste opiniâtre et conscient de son rôle dans la peinture, une nouvelle manière d'envisager l'espace pictural. Pour y voir plus clair... La génération 1900 Le tournant du XX°siècle sera marqué par la découverte par les artistes des arts dits primitifs. Cette découverte arrive avec cette volonté des fauves, des cubistes et des expressionnistes de rompre avec l'idéal "classique" qui a prévalu jusqu'alors et dont l'impressionnisme si novateur soit-il, marque la fin. Pour y voir plus clair... Matisse Picasso :« Il faudrait pouvoir mettre côte à côte tout ce que Matisse et moi avons fait en ce temps-là. Jamais personne n’a si bien regardé la peinture de Matisse que moi. Et lui, la mienne... » Le voeu de Picasso se réalise en 2002 avec une superbe exposition qui met en lumière les affrontements pacifiques entre ces deux géants de l'art du XX°. Pour y voir plus clair...                                                               Henri Matisse :  Matisse est relativement incompris de la part du public alors qu’il a beaucoup influencé les artistes particulièrement américains. … On connait mal Matisse d’une part parce que son œuvre n’est pas comprise, d’autre part les grandes collections ont été dispersées et parfois longtemps inaccessibles et enfin parce que c’est un homme qui ne se livrait pas beaucoup. Pour y voir plus clair                                   Pablo Picasso : L'éclairage apporté par Alice Miller dans son ouvrage "la souffrance muette de l'enfant" est particulièrement intéressant pour comprendre Picasso. Malraux dans "la tête d'obsidienne" nous met en présence d'un artiste singulier qui a saisi dans les arts dits "primitifs" tout le symbolisme et l'interrogation de l'artiste face à l'univers. Malraux nous dit : "Considérer que tout ce qui nous entoure est ennemi, est une des clés les plus profondes pour comprendre l'art de Picasso". Pour y voir plus clair       Vassili Kandinsky  a été imprégné par la théosophie d'Héléna Blavatsky sa compatriote inspirée. Il développera des thèses humanistes sur l'art dans son ouvrage "Du spirituel dans l'art" écrit en 1909 et qui deviendra la base théorique de l'art abstrait. Il fondera le "Blaue Reiter" avec son ami Franz Marc qui n'aura qu'une courte existence mais aura une influence importante sur toute une génération d'artistes. Pour y voir plus clair 


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  •  Il y a peu de livres sur Henri Matisse. Matisse est relativement incompris de la part du public alors qu’il a beaucoup influencé les artistes particulièrement américains. En France il est peu reconnu, au Royaume uni, sans doute davantage. L’ouvrage de Pierre Schneider est incontournable mais son prix élevé… On connait mal Matisse d’une part parce que son œuvre n’est pas comprise, d’autre part les grandes collections ont été dispersées et parfois longtemps inaccessibles et enfin parce que c’est un homme qui ne se livrait pas beaucoup. « Si cette histoire (la mienne) était écrite dans sa vérité d’un bout à l’autre, ça épaterait tout le monde » dit Matisse. Il nous faut lire une traduction de sa biographe anglaise Hilary Spurling pour connaitre sa vie. « En tout cas, moi elle m’a stupéfaite, écrit Hilary Spurling. L’image populaire de Matisse n’a pas grand-chose à voir avec le personnage qui m’est lentement apparu au cours de mes dix années de recherches».

    Pour aller plus loin dans la biographie de Matisse   http://kerdonis.fr/ZMATISSE01/ 

      

    On connait sa devise, son père lui a martelé dans les oreilles : dépêche-toi ! Il est venu tard à la peinture. Il a fait son droit à Paris et son père le voit notaire…  Sa mère lui offre une boite de couleur, durant une convalescence qui se prolonge, il a alors vingt ans et  là il sait alors qu’il sera peintre et il va devoir se dépêcher. Il passe par l’académie Julian où exerce Bouguereau qui lui dit qu’il ne connait rien à la perspective. Il se présente au concours d’entrée aux Beaux Arts : refusé ! Mais se profile une rencontre qui va être bénie : celle de Gustave Moreau qui se penche sur son travail et y décèle des qualités. « Vous allez simplifier la peinture » prophétise Moreau. Là il va rencontrer de futurs grands noms : Marquet, Rouault, Camoin tous élèves de Moreau. En 1898, à la disparition de Moreau, il est déjà remarqué par ses camarades qui le surnomment « le Docteur ou Herr Professor ». A la fin du siècle Picasso qui n’a pas encore 20 ans à déjà refait toute l’histoire de la peinture de Velasquez à Lautrec en passant par le Greco, mais Matisse s’est dépêché !

      

    Atelier avec Amelie et Marguerite 1907

      

    Matisse aura trois enfants, une fille Marguerite, née en 1894 d’une liaison avec son modèle Camille Joblaud et deux fils Jean né en 1899 et Pierre en 1900 d’Amélie Parayre. Il avoue à la jeune Amélie qui va devenir sa femme en 1898 «  Je vous aime beaucoup, Mademoiselle, mais j’aimerai le peinture toujours mieux. » Austérité, abnégation et sacrifice de soi seront des lignes de conduite de Matisse acceptées par Amélie qui deviendra son modèle et l’organisatrice de son atelier. Marguerite a été adoptée par Amélie comme sa propre fille et élevée au sein de la famille ; elle est souvent représentée avec un ruban noir autour du cou masquant une trachéotomie. Elle épousera plus tard Georges Duthuit  historien d’art byzantin et écrira sur son beau-père. Après Amélie sa femme, Marguerite sa fille bien aimée, la troisième femme importante de la vie du peintre est Lydia Delectroskaya qui sera à ses côtés à partir de 1935 et jusqu’à sa mort.

      

    On insistera jamais assez sur le rôle joué par Lydia Delectroskaya dans cette fin de vie de Matisse, opéré d'un cancer en 1941 dans un hôpital de Lyon où on le surnommait "le ressuscité" . Lydia sera le modèle de Matisse, l'assistante et l'organisatrice de l'atelier, la secrétaire, l'intendante, l'infirmière et la confidente du peintre.

    Elle notera ses commentaires, photographiera les étapes de ses oeuvres et deviendra après sa mort  une spécialiste reconnue et incontournable. Elle disparaitra en 1998 à l'âge de 88 ans. Trois liens pour connaître Lydia D.

    http://www.musee-matisse-nice.org/expositions/2010/lydia/documents/bio_Lydia.pdf

    http://www.toutpourlesfemmes.com/conseil/Lydia-Delectorskaya-Biographie.html  http://www.50degresnord.net/IMG/pdf/dp_lydiad_bdef.pdf

      

     "La révélation m'est toujours venue de l'Orient. A Munich j'ai trouvé une nouvelle confirmation de mes recherches. Les miniatures persanes, par exemple  me montraient toute la possibilité de mes sensations. Par ses accessoires, cet art suggère un espace plus grand, un véritable espace plastique. Cela m'aide à sortir de la peinture d'intimité. C'est donc assez tard que cet art m'a vraiment touché et j'ai compris la peinture byzantine devant les icônes de Moscou." Dans ce court passage, Matisse évoque l'exposition d'art islamique de Munich en 1910 et de la révélation de l'art byzantin à travers les icônes russes, suite à son passage à Moscou en 1911 sur invitation du mécène Stchoukine.

      

     Je travaille sans théorie, dit Matisse, qui affirme que son art est organique, instictif plutôt que conceptuel. J'ai seulement conscience des forces que j'emploie et je vais, poussé par une idée que je ne connaissais pas vraiment qu'au fur et à mesure qu'elle se développe par la marche du tableau. Cité par Hilary Spurling dans Matisse le Maître. 

      

    « J’ai commencé pendant une saison à Collioure, avec l’idée d’une théorie ou d’une manie que j’avais entendu exprimer par Vuillard qui employait ce mot : la touche définitive… Ceci m’a beaucoup servi parce que j’avais la sensation de la coloration d’un objet : je posais ma couleur, c’était la première couleur de ma toile. J’y joignais une deuxième couleur, et alors, au lieu de reprendre, quand cette deuxième couleur ne paraissait pas s’accorder avec la première, j’en mettais une troisième, qui devait les accorder. Alors il fallait continuer ainsi jusqu’à ce que j’eusse la sensation que j’avais créé une harmonie complète dans ma toile et que je me trouvais déchargé de l’émotion qui me l’avait fait entreprendre.»

      

    Intérieur bocal aux poissons rouges 1914

      Intérieur, bocal aux poissons rouge de 1914. Musée de l'Hermitage, Saint-Petersbourg. La belle unité de cette oeuvre tient en grande partie au rôle joué par le bocal qui établit une transition entre intérieur et extérieur. De plus, la forme et la couleur du bocal reprend la courbe et la couleur de l'arche du pont Saint-Michel. Le pont est le passage entre deux rives, le bocal le passage entre dehors et dedans. Le regard est attiré par les deux poissons qui réalisent cette liaison intérieur extérieur, renforçant la planéïté de l'ensemble à dominante bleue.

    Dans "la fenêtre ouverte de Collioures" de 1905 le jeu des reflets sur cette fenêtre ouverte jouait également ce rôle de transition entre intérieur et extérieur permettant de ne point creuser l'espace mais au contraire de l'unifier.

      


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